dimanche 3 mai 2015

le temps présidentiel

Le temps présidentiel.
La cérémonie de triomphe des promotions « Lieutenant Youssouf Mahamat Bahar » jeune officier mort au combat, et « Cinquantième Anniversaire de la Réunification » célébrée le 20 février 2014 s’est donc enfin tenue. Le faste qui entoure les rares apparitions présidentielles était évidemment au rendez-vous. Le discours fort captivant. Bref la fête fût belle. D’autant plus que depuis le début du conflit contre BOKO HARAM subséquemment notamment à la déclaration de guerre du Chef des Armées le 17 mai 2014 à l’étranger, les militaires avaient soif de communier avec leur Chef. Les 33 ème et 34 ème promotions ont donc officiellement fait leur entrée dans le métier de militaire. Il était temps…
Car si 33 ème et 34 éme se suivent successivement dans le décompte arithmétique, le triomphe concomitant de deux promotions de l’EMIA  correspondant à ces chiffres ne doit en aucun cas occulter le temps qui s’est inexplicablement écoulé.  Pour souvenir,  la cérémonie solennelle de sortie de la 33ème promotion prévue en décembre 2013 avait été renvoyée sine die.
Il est vrai que deux triomphes en une cérémonie ce n’est pas nouveau. Le 04 décembre 2009, la cour d’honneur du quartier général de Yaoundé avait bien servi de cadre à la cérémonie de remise des épaulettes aux élèves officiers d’active des 31ème et 32ème promotions (de l’EMIA) respectivement baptisées « promotion Paix et modernité » et « promotion Armée et nation » sous la présidence effective du chef suprême des forces armées lui-même.
            La cérémonie de 2015 nous donne l’occasion de décrypter, le temps d’une chronique,  le code de gestion du temps par le Chef de l’Etat. Cela est su de tous, il ne fait les choses qu’en son temps. Ne donnant jamais l’impression d’agir dans l’urgence de la demande ou de l’attente. Certains de ses communicants ont même théorisé « le temps présidentiel ». Comme pour dire que nonobstant les attentismes et les inerties qu’il critique par ailleurs, il agirait toujours opportun. Essayons de comprendre ce que c’est que le temps et agir en temps opportun. Commençons par le dernier. Le temps opportun c’est évidemment le bon moment. Mais  bon pour qui ? pour le bénéficiaire de l’acte qu’on pose, le citoyen, l’Etat,  ou pour soi-même ? Lorsqu’on doit attendre que la controverse autour d’un bébé volé tourne à l’émeute pour agir, au bénéfice de qui le fait-on ? Lorsqu’on doit attendre 13 mois pour retourner au Premier Ministre le dossier du passage au numérique, le rendant incapable de tenir des engagements internationaux, pour qui le fait-on ? Lorsqu’on doit attendre deux, voire trois  promotions de magistrats  pour  autoriser enfin leur sortie, alors que la justice est en sous effectif, pour qui le fait-on ? Lorsqu’il faut  attendre que les incursions de BOKO HARAM prennent des proportions incontrôlables et produisent d’indicibles dégâts  pour agir, pour qui le fait-on ? Lorsqu’il a fallu attendre dix ans pour avoir les preuves de la spoliation de l’Etat par ses propres collaborateurs pour enfin décider de les jeter en prison, pour qui l’a-t-on fait ? On pourrait égrainer comme cela pendant des heures et même toute la durée de son séjour à la tête de l’Etat,  des situations d’un incompréhensible mutisme ou attentisme du Président de la République. Ceux qui penseraient  qu’il est trompé ou tardivement informé se méprendraient assurément. Car il s’est bien refusé à une célèbre occasion de commenter des commentaires, tout comme en 2008 lors des émeutes de la faim il a été d’une étonnante promptitude. Que dire de la rapidité avec laquelle il a récemment réparé l’impair des épaulettes dans l’armée ?ce qui a souvent fait dire qu’il n’agit que lorsque son fauteuil est menacé. Mais je me refuse toute inclination à de telles idées facilement reçues. C’est le lieu d’explorer la notion de temps. 
Il ya en français deux mots « temps », celui de la météo et celui des montres qui nous interesse davantage. Le temps est donc un milieu indéfini dans lequel nous situons nos actions : « il travaille tout le temps », « je n’ai pas le temps », donc le plus souvent, le temps désigne une portion de ce milieu indéfini. Quand cette portion est suffisamment grande, « temps » est synonyme d’époque. « les temps modernes ». Le mot temps est aussi employé de façon plus large, pour désigner le mouvement irréversible des choses vers la disparition, le vieillissement, la mort. Le temps est alors divisé en présent (état actuel des choses pour notre perception), passé (état révolu des choses dans notre mémoire) et avenir (état supposé des choses dans notre imagination). En droit, sont consacrés, le temps mesuré (portion de durée légalement, judiciairement ou conventionnellement déterminée), et le temps passé (c’est-à-dire la durée réelle). Il appert donc clairement que les effets dans le temps de toute chose ou situation, dépendent de l’acte posé au bon ou au mauvais moment. Le pourrissement, c’est-à-dire la détérioration parfois irrattrapable est donc en théorie, la conséquence d’un refus d’agir ou d’une incapacité à agir. Mais rarement le fruit d’une volonté active manifeste. A défaut de s’inscrire dans une paresse-incompétence indescriptible ou dans une sorte de machiavélisme narcissique propre aux monarques fascistes. Heureusement le Cameroun n’est le reflet d’aucune de ces deux hypothèses. Mais il est donc le reflet de quel modèle ?  Le refus de courber l’échine devant la conclusion d’une gouvernance atypique mais aux mêmes conséquences qu’une gouvernance du pourrissement et d’embuscades, nous conduit vers Dieu, notamment sa révélation faite aux chrétiens. Le psaume 94 au verset 4 dit « Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d'hier quand il n'est plus, et comme une veille de la nuit  » et l’épitre de 2 pierre chapitre 3 au verset 8 dit « Devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour »
Ces deux versets résument bien les choses: Dieu ne conçoit pas le temps comme nous. Car  Comparé à nous, seul Dieu a le temps. Ses desseins se déroulent sur un terme très long à vue humaine. Nous ne sommes pas du tout dans la même échelle. Mais en tant que chrétiens, nous savons que nous avons la vie éternelle en héritage. Ainsi, Chaque année qui passe ne nous rapproche pas de la fin, puisque nous n'aurons pas de fin.
Vu ainsi, on comprend enfin tout. Certains gouvernent le Cameroun comme ils le font, convaincus qu’ils n’auront de fin.

 Amen !

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