Le temps présidentiel.
La
cérémonie de triomphe des promotions « Lieutenant Youssouf Mahamat Bahar »
jeune officier mort au combat, et « Cinquantième Anniversaire de la
Réunification » célébrée le 20 février 2014 s’est donc enfin tenue. Le faste qui entoure les rares apparitions présidentielles était évidemment
au rendez-vous. Le discours fort captivant. Bref la fête fût belle. D’autant
plus que depuis le début du conflit contre BOKO HARAM subséquemment notamment à
la déclaration de guerre du Chef des Armées le 17 mai 2014 à l’étranger, les
militaires avaient soif de communier avec leur Chef. Les 33 ème et 34 ème
promotions ont donc officiellement fait leur entrée dans le métier de
militaire. Il était temps…
Car si 33 ème et 34 éme se
suivent successivement dans le décompte arithmétique, le triomphe concomitant
de deux promotions de l’EMIA
correspondant à ces chiffres ne doit en aucun cas occulter le temps qui
s’est inexplicablement écoulé. Pour souvenir,
la cérémonie solennelle de sortie de la 33ème promotion prévue en
décembre 2013 avait été renvoyée sine die.
Il est vrai que deux triomphes en une cérémonie ce n’est pas nouveau. Le 04 décembre 2009, la cour d’honneur du quartier général de Yaoundé avait bien servi de cadre à la cérémonie de remise des épaulettes aux élèves officiers d’active des 31ème et 32ème promotions (de l’EMIA) respectivement baptisées « promotion Paix et modernité » et « promotion Armée et nation » sous la présidence effective du chef suprême des forces armées lui-même.
Il est vrai que deux triomphes en une cérémonie ce n’est pas nouveau. Le 04 décembre 2009, la cour d’honneur du quartier général de Yaoundé avait bien servi de cadre à la cérémonie de remise des épaulettes aux élèves officiers d’active des 31ème et 32ème promotions (de l’EMIA) respectivement baptisées « promotion Paix et modernité » et « promotion Armée et nation » sous la présidence effective du chef suprême des forces armées lui-même.
La
cérémonie de 2015 nous donne l’occasion de décrypter, le temps d’une
chronique, le code de gestion du temps
par le Chef de l’Etat. Cela est su de tous, il ne fait les choses qu’en son
temps. Ne donnant jamais l’impression d’agir dans l’urgence de la demande ou de
l’attente. Certains de ses communicants ont même théorisé « le temps
présidentiel ». Comme pour dire que nonobstant les attentismes et les
inerties qu’il critique par ailleurs, il agirait toujours opportun. Essayons de
comprendre ce que c’est que le temps et agir en temps opportun. Commençons par
le dernier. Le temps opportun c’est évidemment le bon moment. Mais bon pour qui ? pour le bénéficiaire de
l’acte qu’on pose, le citoyen, l’Etat,
ou pour soi-même ? Lorsqu’on doit attendre que la controverse
autour d’un bébé volé tourne à l’émeute pour agir, au bénéfice de qui le
fait-on ? Lorsqu’on doit attendre 13 mois pour retourner au Premier
Ministre le dossier du passage au numérique, le rendant incapable de tenir des
engagements internationaux, pour qui le fait-on ? Lorsqu’on doit attendre
deux, voire trois promotions de
magistrats pour autoriser enfin leur sortie, alors que la
justice est en sous effectif, pour qui le fait-on ? Lorsqu’il faut attendre que les incursions de BOKO HARAM
prennent des proportions incontrôlables et produisent d’indicibles dégâts pour agir, pour qui le fait-on ?
Lorsqu’il a fallu attendre dix ans pour avoir les preuves de la spoliation de
l’Etat par ses propres collaborateurs pour enfin décider de les jeter en
prison, pour qui l’a-t-on fait ? On pourrait égrainer comme cela pendant
des heures et même toute la durée de son séjour à la tête de l’Etat, des situations d’un incompréhensible mutisme
ou attentisme du Président de la République. Ceux qui penseraient qu’il est trompé ou tardivement informé se
méprendraient assurément. Car il s’est bien refusé à une célèbre occasion de
commenter des commentaires, tout comme en 2008 lors des émeutes de la faim il a
été d’une étonnante promptitude. Que dire de la rapidité avec laquelle il a
récemment réparé l’impair des épaulettes dans l’armée ?ce qui a souvent
fait dire qu’il n’agit que lorsque son fauteuil est menacé. Mais je me refuse
toute inclination à de telles idées facilement reçues. C’est le lieu d’explorer
la notion de temps.
Il
ya en français deux mots « temps », celui de la météo et celui des
montres qui nous interesse davantage. Le temps est donc un milieu indéfini dans
lequel nous situons nos actions : « il travaille tout le
temps », « je n’ai pas le temps », donc le plus souvent, le
temps désigne une portion de ce milieu indéfini. Quand cette portion est
suffisamment grande, « temps » est synonyme d’époque. « les
temps modernes ». Le mot temps est aussi employé de façon plus large, pour
désigner le mouvement irréversible des choses vers la disparition, le
vieillissement, la mort. Le temps est alors divisé en présent (état actuel des
choses pour notre perception), passé (état révolu des choses dans notre
mémoire) et avenir (état supposé des choses dans notre imagination). En droit,
sont consacrés, le temps mesuré (portion de durée légalement, judiciairement ou
conventionnellement déterminée), et le temps passé (c’est-à-dire la durée
réelle). Il appert donc clairement que les effets dans le temps de toute chose
ou situation, dépendent de l’acte posé au bon ou au mauvais moment. Le
pourrissement, c’est-à-dire la détérioration parfois irrattrapable est donc en
théorie, la conséquence d’un refus d’agir ou d’une incapacité à agir. Mais
rarement le fruit d’une volonté active manifeste. A défaut de s’inscrire dans
une paresse-incompétence indescriptible ou dans une sorte de machiavélisme
narcissique propre aux monarques fascistes. Heureusement le Cameroun n’est le
reflet d’aucune de ces deux hypothèses. Mais il est donc le reflet de quel
modèle ? Le refus de courber
l’échine devant la conclusion d’une gouvernance atypique mais aux mêmes
conséquences qu’une gouvernance du pourrissement et d’embuscades, nous conduit
vers Dieu, notamment sa révélation faite aux chrétiens. Le psaume 94 au verset
4 dit « Car mille ans sont à tes yeux comme le jour
d'hier quand il n'est plus, et comme une veille de la nuit » et
l’épitre de 2 pierre chapitre 3 au verset 8 dit « Devant le Seigneur, un
jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour »
Ces deux
versets résument bien les choses: Dieu ne conçoit pas le temps comme nous.
Car Comparé à nous, seul Dieu a le
temps. Ses desseins se déroulent sur un terme très long à vue humaine. Nous ne
sommes pas du tout dans la même échelle. Mais en tant
que chrétiens, nous savons que nous avons la vie éternelle en héritage. Ainsi,
Chaque année qui passe ne nous rapproche pas de la fin, puisque nous n'aurons
pas de fin.
Vu ainsi, on comprend enfin tout.
Certains gouvernent le Cameroun comme ils le font, convaincus qu’ils n’auront
de fin.
Amen !
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