samedi 9 mai 2015

Internet je t'aime! moi non plus...

 Internet je t’aime, moi non plus !

On ne le dira jamais assez ici et là-bas, la concurrence délivre du joug monopolistique et libère les énergies. L’arrivée d’un troisième opérateur de téléphonie a déclenché une violente concurrence autour d’une affaire qui en réalité pour l’heure, reste vague dans l’esprit de beaucoup de camerounais : Il s’agit de la 3G.  Evidemment, loin de moi la prétention d’expliciter ici techniquement à quoi ça renvoi, mais nous savons tous qu’il s’agit d’internet. Notamment d’amélioration dans le transfert de données qui elles-mêmes, s’évaluent en octets, kilooctets, mégaoctets et autres termes rébarbatifs pour beaucoup d’entre nous.  Bref, ce qui fait la différence quand on passe de la 2G à la 3G ou de la 3G à la 4G, c’est la rapidité avec laquelle on peut effectuer des opérations de transfert de données. La presse en parle tellement, qu’on en vient à oublier  que le taux de pénétration d’internet au Cameroun est de 8% seulement environ, soit l’un des plus bas d’Afrique. En termes clairs, deux millions de camerounais seulement sur 25 millions ont accès à internet. Du coup, seuls la frange marginale  qui y va, renseigne la grande majorité sur ce qui y est dit. Issa TCHIROMA BAKARY, Ministre de la communication fait ainsi  partie de ceux qui assurent une veille cybernétique rigoureuse. Il le fait si bien que grâce à l’une de ses sorties remarquées récemment, beaucoup d’entre nous entendaient parler pour la première fois du journal  lemonde.fr, et que ce journal en ligne dont la lecture du contenu est d’ailleurs payante, avait  écrit que le couple présidentiel camerounais tant adulé lors de ses rares apparitions, très mal en point,  avait voyagé précipitamment pour aller se faire soigner, et ce avec des contre-vérités et des confusions étonnantes. Plus de peur que de mal, le MINCOM  nous a alors rassuré que  l’état de santé du couple président n’avait rien, et je le cite, « de préoccupant ». Qui pourrait en douter ?   
Nul doute donc que, le très  vigilant porte-parole du Gouvernement, ne tardera pas  à convoquer la presse pour  livrer au peuple camerounais auquel il voue une indicible sollicitude, ses commentaires, correctifs et mises en garde en rapport avec le contenu des dernières publications de ce journal dans l’article intitulé « Boko haram met en lumière les fragilités du Cameroun ».
Selon toute vraisemblance, galvanisé par l’amusante surenchère politique qu’il a causée au Cameroun, suite à ses révélations sur la santé du couple présidentiel, ce journal français porterait à nouveau l’estocade en évoquant quatre sujets : la marche patriotique du 28 février dernier, l’âge avancé et je cite « le régime vieillissant de Paul BIYA », les exactions de l’armée camerounaise dans la lutte contre BOKO HARAM et la loi anti-terroriste dont la polémique ayant entouré son entrée en vigueur est encore vivace dans nos esprits.
Si vous en avez convenance chers auditeurs, revisitons ensemble brièvement, ces points inscrits à coup sûr, à l’ordre du jour de l’immanquable sortie de notre MINCOM, comment pourrait-il s’en priver ?
D’abord, la marche patriotique. Une fois qu’on aura demandé à ce journal : de quoi je me mêle ? Pourra-t-on sérieusement lui faire le reproche de faire l’écho d’un événement qui a alimenté une interminable controverse chez nous ? Qu’y-a-t-il d’étrange à relever la curieuse coïncidence entre la date de cette marche et celle des malheureux événements de 2008 ? Surtout que ceux qui connaissent l’histoire qui se cache derrière le 11 février fête de la jeunesse peuvent toujours s’avancer à répondre…
Si d’aventure ce journal relaie qu’au Cameroun il est devenu difficile de construire un consensus autour de la patrie, qu’aura-t-il inventé ? Car en effet de quelle patrie peut-on véritablement parler quand certains meurent dans les hôpitaux faute d’argent, quand les enfants des uns ne peuvent accéder aux grandes écoles fautes de pistons et j’en passe... D’où verrait-on d’un mauvais œil qu’un journal étranger partage l’indignation de nombreux camerounais devant la regrettable récupération politique par quelques Ministres, d’une marche réputée neutre ?
Quant à l’allusion faite à  l’âge avancé du Président et à son régime vieillissant, viole-t-elle un tabou. Peut-être, sauf que là-bas en France ces questions  sont devenues banales. De plus on peut se permettre de douter que ce Journal nous apprenne grand-chose : Qui est ignorant de ce que en 2011 à l’âge de 78 ans Paul BIYA a remporté 78% de suffrages après 29 ans de règne face à 22 concurrents, lui qui  en avait 16 en face en 2004, 7 en 1997 et 6 en 1992, tellement il est fort au fil des mandats… Alors serait-ce un sacrilège de rappeler que 70% de cette victorieuse équipe a dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite et que la maladie à ce stade de la vie n’est pas surprise ?
Sur la loi anti-terroriste, difficile de convaincre qui que ce soit que l’ombre de la mode révolution populaire ne hantait pas les nuits de ses rédacteurs. Les laborieuses explications sur la nécessité d’internalisation sur le tard, d’une prescription onusienne sur fond de soupçons de collusions internes avec la secte terroriste, sonnant tellement faux, que même un nouveau-né voyait transpirer l’anguille sous roche.
Quid enfin des regrettables révélations sur une scabreuse affaire de prisonniers de BOKO HARAM dont la communication au grand public aurait dû être commandée par l’enthousiaste mobilisation populaire derrière son armée, plutôt que la réplique à un rapport incendiaire d’une ONG qui elle, veille par vocation au respect du droit humanitaire, en dépit de la légitimité des conflits.
En tout état de cause, internet n’aura pas attendu le monde.fr pour s’intéresser à notre Président. Le site Slateafrique.com ne faisait-il pas figurer il ya un an seulement Paul BIYA au troisième rang d’un top ten de Chefs d’Etats africains je cite, « les plus accro au pouvoir » (allez savoir ce que ça veut dire) derrière Obiang Nguema mbasogo, edouardo dos santos et devant yoweri moseveni et tenez-vous tranquille, Robert Mugabe.
Le contenu de ce site qui manifestement n’est pas celui d’un média français de renom, n’a pas retenu l’attention du porte-parole du gouvernement, pas plus que d’autres publications peu élogieuses qui inondent le net concernant le Président BIYA. Du coup on croit mieux comprendre ce qui se joue. La douloureuse mise en scène d’une vieille amitié qui se désagrège  non pas entre deux nations qui seraient la France et le Cameroun, de grâce laissons ces deux peuples hors de tous ça, mais celle entre un groupe de personnes et un autre groupe de personnes qui essaient chacun avec ses médias de porter le coup fatal de la rupture.
La fin est-elle aux portes ou alors ça ne fait que commencer? Just wait and see

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