samedi 9 mai 2015

A la mode agriculture MDR...

Mode agriculture !
Ces derniers temps et c’est le moins qu’on puisse dire, l’agriculture est à la mode. Après les ballets folkloriques mais non moins budgétivores du salon de l’agro-industrie et du festi-café, le retour sur terre comme d’habitude, est plutôt douloureux. Les manchettes des quotidiens en disent long ! Mutations titrait alors il quelques jours : Philemon YANG, ESSIMI MENYE, le clash ! faisant allusion à une sordide affaire de nominations au MINADER  annulées par le PM pour incompétence. Le MESSAGER prenant le relais nous apprendra le lendemain qu’une étude de l’ACDIC mettait une èénième à nu, les tares du programme maïs. Même le très circonspect Cameroon tribune n’a pas manqué de revenir hier dans la rubrique « regard », sur l’indigence du secteur agro-alimentaire.
Alors puisque c’est à la mode, parlons-en ! D’ailleurs, le bât continue à blesser au même endroit… On parle de nominations, de festival, d’agro-industrie, mais quel est même finalement le visage de l’agriculture des grandes réalisations ?
Le Cameroun est une terre en friche. Selon les propres propos de Paul BIYA lui-même à Maroua en 2011 lors de sa tournée de campagne, les terres arables sont estimées à environ 7,2 millions d’hectares, mais seulement 1,8 million d’hectares sont effectivement cultivés, tandis que le potentiel irrigable est estimé à 240 OOO hectares, quand moins de 33 000 hectares sont actuellement irrigués. C’est dire le potentiel qu’offre la disponibilité de ces immenses terres, réputées fertiles. Ainsi la mise en valeur du potentiel agricole du Cameroun reste très faible : seulement 17% des terres irrigables sont exploitées, alors que 26% seulement des terres arables sont cultivées. Cette situation largement déficitaire de mise en valeur de notre potentiel agricole semble paradoxale au regard des multiples atouts dont dispose le Cameroun et des besoins alimentaires d’une population en pleine croissance. Les Chiffres du Bureau de recensement de la population (BUCREP) nous projettent à 25 millions au 1er janvier 2015. Et dans cette insuffisante exploitation, certaines zones font curieusement l’objet d’une pression foncière importante, ce qui crée par ailleurs le problème du maintien de fertilité des sols et par moments des troubles sociaux. Il est donc impératif de prendre des mesures de facilitation de l’exploitation du patrimoine foncier par les populations, notamment les jeunes, où qu’ils se trouvent. Car et c’est bizarre, sommes-nous en droit parce que nous en avons hérité, de thésauriser des terres comme de l’argent ?
Mais évidemment, dans un pays à peu près normal, cela induit la mise en place de zones agricoles pilotes dont l’exploitation loin des agropoles foireux, convoquerait une démarche interministérielle alliant MINADER, pour l’expertise et la mise à disposition des intrants, le MINTP pour la desserte des terres et les municipalités pour un meilleur suivi. Je ne prétends pas que l’étonnante agitation en cours de monsieur AMBA SALLA  sur le décret du 21 novembre 2014 ayant réformé la maitrise d’œuvre technique est superfétatoire. On y reviendra…
Il faut donc au-delà du mouvement sur place, repenser sérieusement la politique agricole du Cameroun. Cela revient à se poser la question de savoir, quelle agriculture et quels agriculteurs voulons-nous pour demain ? J’espère qu’ils ne me prendront pas au mot pour convoquer demain des états généraux de l’agriculture, eux qui sont en manque de folklore depuis le comice pour rien d’Ebolowa. Je dis bien pour rien, même pas pour Ebolowa…
La vision préconisée  appelle à redéfinir l’assistance technique. A l’instar de la « révolution verte » d’Ahidjo, le gouvernement doit pouvoir mettre un terme un jour au laisser-aller actuel en multipliant des opérations d’enrolement des jeunes dans des pôles agricoles crées à cet effet comme cela fût le cas jadis avec, sodecoton dont on annonce la faillite, hévecam ou encore la semry. Jean NKUETE au lendemain des émeutes de la fin on s’en souvient avait balisé de grands axes de relance qu’étaient le développement des filières stratégiques à travers un accent sur l’installation des jeunes agriculteurs, un appui à l’acquisition des engrais, des pesticides et du petit matériel agricole à hauteur de 20 à 50% (waouh), une subvention du matériel végétal entre 75 et 100% je répète entre 75 et 100%, un soutien à la transformation et au stockage à hauteur de 80%, un soutien à la mécanisation par la création de pools d’engins dans les cinq régions agro-écologiques et une subvention de 15% des coûts d’acquisition des tracteurs. Ces déclarations d’intentions pour séduisantes et aussi inattendues qu’elles furent, sont entrées dans l’histoire du Cameroun comme le célèbre « je vous verrai » avec juste un peu moins de succès…
Quid du financement alors ?
De nombreux financements et programmes (tel celui du maïs) existent. Mais l’opacité et l’incurie dans lesquels ceux-ci sont déployés les rendent totalement improductifs. Parce que souvent distraits par des faisceaux de complicités. Espérons que la Banque agricole verra le jour un jour avec des modalités d’accès aux crédits permettant à nos petits agriculteurs et non pas seulement aux mêmes ogres qui font main-basse tout, d’en bénéficier.
De plus il faut qu’un jour les agriculteurs soient mieux organisés et bien représentés. Le système des GIC est devenu hélas, un créneau de détournements de fonds publics. D’ailleurs les députés du Sud avec la complicité de leur nouvel ami le MINEPAT, l’ont bien compris. Désormais c’est le copinage et le tribalisme qui président à la répartition des financements alors que le suivi reste inexistant.
Et pourquoi ne pas mettre sur pied, une politique de consommation prioritaire de notre production ? Alors que cette proposition est faite depuis des lustres, le gouvernement inexplicablement refuse d’imposer un taux de dosage de la farine local (manioc, patate ou igname…) dans la fabrication du pain. Ce qui à coup sûr stimulerait la production et la consommation du « made in cameroon ». Comment serait-ce donc possible tant que des ministres seront importateurs déguisés  de farine ?
Le plus grave est que la situation va encore durer. Du moins pendant qu’ils seront là. Car le secteur rural qui emploie 60% de la population camerounaise ne reçoit encore que 3% du budget  national.

On dit du Président BIYA que son papa fût catéchiste et agriculteur. C’est sûrement pour cela qu’il est patron d’une entreprise qui produit d’excellents jus d’ananas qui ne sont vendus qu’à l’étranger. Dans mes marches j’ai pu en consommer dans les back back comme on dit. Monsieur le Président et les autres alors ?

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