samedi 9 mai 2015

Internet je t'aime! moi non plus...

 Internet je t’aime, moi non plus !

On ne le dira jamais assez ici et là-bas, la concurrence délivre du joug monopolistique et libère les énergies. L’arrivée d’un troisième opérateur de téléphonie a déclenché une violente concurrence autour d’une affaire qui en réalité pour l’heure, reste vague dans l’esprit de beaucoup de camerounais : Il s’agit de la 3G.  Evidemment, loin de moi la prétention d’expliciter ici techniquement à quoi ça renvoi, mais nous savons tous qu’il s’agit d’internet. Notamment d’amélioration dans le transfert de données qui elles-mêmes, s’évaluent en octets, kilooctets, mégaoctets et autres termes rébarbatifs pour beaucoup d’entre nous.  Bref, ce qui fait la différence quand on passe de la 2G à la 3G ou de la 3G à la 4G, c’est la rapidité avec laquelle on peut effectuer des opérations de transfert de données. La presse en parle tellement, qu’on en vient à oublier  que le taux de pénétration d’internet au Cameroun est de 8% seulement environ, soit l’un des plus bas d’Afrique. En termes clairs, deux millions de camerounais seulement sur 25 millions ont accès à internet. Du coup, seuls la frange marginale  qui y va, renseigne la grande majorité sur ce qui y est dit. Issa TCHIROMA BAKARY, Ministre de la communication fait ainsi  partie de ceux qui assurent une veille cybernétique rigoureuse. Il le fait si bien que grâce à l’une de ses sorties remarquées récemment, beaucoup d’entre nous entendaient parler pour la première fois du journal  lemonde.fr, et que ce journal en ligne dont la lecture du contenu est d’ailleurs payante, avait  écrit que le couple présidentiel camerounais tant adulé lors de ses rares apparitions, très mal en point,  avait voyagé précipitamment pour aller se faire soigner, et ce avec des contre-vérités et des confusions étonnantes. Plus de peur que de mal, le MINCOM  nous a alors rassuré que  l’état de santé du couple président n’avait rien, et je le cite, « de préoccupant ». Qui pourrait en douter ?   
Nul doute donc que, le très  vigilant porte-parole du Gouvernement, ne tardera pas  à convoquer la presse pour  livrer au peuple camerounais auquel il voue une indicible sollicitude, ses commentaires, correctifs et mises en garde en rapport avec le contenu des dernières publications de ce journal dans l’article intitulé « Boko haram met en lumière les fragilités du Cameroun ».
Selon toute vraisemblance, galvanisé par l’amusante surenchère politique qu’il a causée au Cameroun, suite à ses révélations sur la santé du couple présidentiel, ce journal français porterait à nouveau l’estocade en évoquant quatre sujets : la marche patriotique du 28 février dernier, l’âge avancé et je cite « le régime vieillissant de Paul BIYA », les exactions de l’armée camerounaise dans la lutte contre BOKO HARAM et la loi anti-terroriste dont la polémique ayant entouré son entrée en vigueur est encore vivace dans nos esprits.
Si vous en avez convenance chers auditeurs, revisitons ensemble brièvement, ces points inscrits à coup sûr, à l’ordre du jour de l’immanquable sortie de notre MINCOM, comment pourrait-il s’en priver ?
D’abord, la marche patriotique. Une fois qu’on aura demandé à ce journal : de quoi je me mêle ? Pourra-t-on sérieusement lui faire le reproche de faire l’écho d’un événement qui a alimenté une interminable controverse chez nous ? Qu’y-a-t-il d’étrange à relever la curieuse coïncidence entre la date de cette marche et celle des malheureux événements de 2008 ? Surtout que ceux qui connaissent l’histoire qui se cache derrière le 11 février fête de la jeunesse peuvent toujours s’avancer à répondre…
Si d’aventure ce journal relaie qu’au Cameroun il est devenu difficile de construire un consensus autour de la patrie, qu’aura-t-il inventé ? Car en effet de quelle patrie peut-on véritablement parler quand certains meurent dans les hôpitaux faute d’argent, quand les enfants des uns ne peuvent accéder aux grandes écoles fautes de pistons et j’en passe... D’où verrait-on d’un mauvais œil qu’un journal étranger partage l’indignation de nombreux camerounais devant la regrettable récupération politique par quelques Ministres, d’une marche réputée neutre ?
Quant à l’allusion faite à  l’âge avancé du Président et à son régime vieillissant, viole-t-elle un tabou. Peut-être, sauf que là-bas en France ces questions  sont devenues banales. De plus on peut se permettre de douter que ce Journal nous apprenne grand-chose : Qui est ignorant de ce que en 2011 à l’âge de 78 ans Paul BIYA a remporté 78% de suffrages après 29 ans de règne face à 22 concurrents, lui qui  en avait 16 en face en 2004, 7 en 1997 et 6 en 1992, tellement il est fort au fil des mandats… Alors serait-ce un sacrilège de rappeler que 70% de cette victorieuse équipe a dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite et que la maladie à ce stade de la vie n’est pas surprise ?
Sur la loi anti-terroriste, difficile de convaincre qui que ce soit que l’ombre de la mode révolution populaire ne hantait pas les nuits de ses rédacteurs. Les laborieuses explications sur la nécessité d’internalisation sur le tard, d’une prescription onusienne sur fond de soupçons de collusions internes avec la secte terroriste, sonnant tellement faux, que même un nouveau-né voyait transpirer l’anguille sous roche.
Quid enfin des regrettables révélations sur une scabreuse affaire de prisonniers de BOKO HARAM dont la communication au grand public aurait dû être commandée par l’enthousiaste mobilisation populaire derrière son armée, plutôt que la réplique à un rapport incendiaire d’une ONG qui elle, veille par vocation au respect du droit humanitaire, en dépit de la légitimité des conflits.
En tout état de cause, internet n’aura pas attendu le monde.fr pour s’intéresser à notre Président. Le site Slateafrique.com ne faisait-il pas figurer il ya un an seulement Paul BIYA au troisième rang d’un top ten de Chefs d’Etats africains je cite, « les plus accro au pouvoir » (allez savoir ce que ça veut dire) derrière Obiang Nguema mbasogo, edouardo dos santos et devant yoweri moseveni et tenez-vous tranquille, Robert Mugabe.
Le contenu de ce site qui manifestement n’est pas celui d’un média français de renom, n’a pas retenu l’attention du porte-parole du gouvernement, pas plus que d’autres publications peu élogieuses qui inondent le net concernant le Président BIYA. Du coup on croit mieux comprendre ce qui se joue. La douloureuse mise en scène d’une vieille amitié qui se désagrège  non pas entre deux nations qui seraient la France et le Cameroun, de grâce laissons ces deux peuples hors de tous ça, mais celle entre un groupe de personnes et un autre groupe de personnes qui essaient chacun avec ses médias de porter le coup fatal de la rupture.
La fin est-elle aux portes ou alors ça ne fait que commencer? Just wait and see

A Madame FONING...

ENTERRONS LES MORTS, SAUVONS DES VIES !

L’espérance de vie au sud du sahara se situe à moins de 50 ans. Cela est  dû à n’en point douter, aux guerres, épidémies, pandémies et autres catastrophes. Mais bien souvent, tel un mauvais esprit dans un film d’horreur, la mort accueille à bras ouverts ses victimes là elles trouvent ultime  refuge croyant illusoirement hélas ! lui échapper. De Yaoundé à Gari Gombo en passant par  Douala et Moulvoudaye, l’hôpital public porte la stigmate devenue familière de « mouroir ». A priori, décéder à l’hôpital n’a rien d’étrange, il est su de tous qu’il y a des situations où la médecine reste impuissante. Mais trépasser faute de soins urgents adéquats ou de soins tout court, voilà ce qui interroge, au moment où nous proclamons fastueusement nos grandes réalisations et que nous enterrons nos « grands » morts.
 Le décès de la célèbre et trépignante femme politique et d’affaires Madame FONING – paix à son âme-  suite à un accident de circulation à quelques kilomètres de Yaoundé le 17 janvier 2015 a alimenté une  controverse légitime sur la négligence et l’incompétence médicales dont elle aurait fait l’objet en attente d’évacuation. On se demande donc pourquoi, les  « VIP » dans notre pays, que dis-je ? les « VPP » entendez « very presidential personnality », pour échapper à leurs propres hôpitaux dont ils vantent pourtant la quantité et la qualité dans les discours politiques, s’offrent constamment le privilège de l’ailleurs sanitaire. Ainsi, les annonces d’AVC ou d’autres malaises de hautes personnalités gouvernementales ou politiques sont généralement suivies de celles de leur évacuation vers des hôpitaux marocains ou sud-africains, quand la destination n’est pas européenne. Sauf que cette solution d’expatriation selon toute vraisemblance, non seulement elle permet de détabouïser facilement et sans pudeur l’état de santé de certains Présidents africains, mais également, reste largement tributaire  pour les amis des présidents, de la prise en charge médicale locale. Tenez, après Madame FONING, c’est le Général de Gendarmerie MAMBOU DEFFO qui, dit-on,  en attente d’un avion médicalisé pour son évacuation  succombe toujours en janvier 2015 à un AVC. C’est à se demander si son départ aurait pu y changer grand-chose. Les effets  d’une prise en charge urgente déficiente ne sont-ils pas dans bien des cas irréversibles ?
 Ces débats autour des décès des « gros bonnets » sont malheureusement l’arbre qui cache la forêt densifiée d’histoires insupportables de personnes « ordinaires », anonymes, qui dans les hôpitaux du Cameroun, trouvent la mort par milliers au quotidien  parce que incapables d’accéder aux soins médicaux de qualité.


Oui ! Le Cameroun fait le deuil d’une grande dame, mais l’hôpital camerounais où celle-ci a trouvé la mort, est gravement malade… Morceau choisi !
Le 25 décembre 2014 un jeune cadre d’appui en recrutement dans une Université d’Etat, est assis à même l’asphalte devant l’hôpital central de Yaoundé, le regard désespéré, pianotant frénétiquement sur son téléphone, tentant de joindre quelqu’un qui pourrait lui prêter 300 000 FCFA pour sauver son épouse et ses jumeaux. Il s’agit d’un accouchement qui se complique et aux urgences, même le saignement abondant de la jeune dame n’a pu résoudre le personnel médical  à donner du sens au serment d’hypocrate. Ce compatriote  réussira des heures plus tard à obtenir la somme requise pour la césarienne. Trop tard pour les jumeaux primipares. Cette scène se déroule devrais-je le rappeler, dans un hôpital dit « central » donc de référence, qui jouxte par ailleurs deux édifices importants : un Centre mère et enfant portant le nom de la Première dame du Cameroun-Chantal  BIYA dont on dit qu’elle se porte ces jours-ci comme un charme (vrai ou faux prions Dieu que ce soit vrai)  et un Centre national des Urgences récemment inauguré et dont la fière allure physique contraste avec sa dénomination inintelligible pour beaucoup, et son indigence technique. Car souvent dans notre pays ce n’est pas un hôpital qui manque. D’ailleurs la classification est fort séduisante. Elle  est à cinq paliers: les hôpitaux de 1ère catégorie que sont les hôpitaux généraux, ceux de 2ème catégorie que sont les hôpitaux centraux, ceux de 3ème catégorie que sont les hôpitaux régionaux et assimilés, ceux de 4ème catégorie que sont les hôpitaux de district et ceux de 5ème catégorie que sont les centres médicaux d’arrondissement auxquels il faut ajouter les centres de santé intégrés disséminés en zone rurale. 

Et le personnel alors ?
Au Cameroun le ratio professionnel de santé/population est de 0,63 pour 1000 habitants  contre 2,3  qui est la norme internationale, tandis qu’on compte 1 médecin pour 15 000 habitants.  Il n’ya point de doute sur l’insuffisance du personnel dont la quantité présente encore de réelles disparités avec les normes internationales. La justification se trouve certainement dans la formation qui présente un déficit de quantité mais également, et c’est le plus inquiétant, de qualité. Le nombre de médecins et d’infirmiers sortis des Ecoles de médecine annuellement reste étrangement bas. Cela est dû aux offres de formations encore limitées. Les rares Ecoles existantes ne pouvant accueillir qu’un nombre restreint d’étudiants. Encore que la sélection de ceux-ci fait l’objet dans certains cas de pratiques abjectes de corruption et de monnayage. Phénomène plutôt généralisé dans les concours publics au Cameroun, l’achat des places n’épargne évidemment pas le concours de la faculté de Médecine et de Sciences Biomédicales dont le scandale ne tardera pas à prendre le relai de celui encore retentissant de l’IRIC que même l’affaire du photomontage et la phénoménale annonce de la maladie  du Président ne nous font pas oublier. Fléau qui, conjugué à la politique mystique d’équilibre régional, compromet dangereusement le mérite dans un secteur aussi sensible, jetant  un sérieux doute sur la compétence des produits de cette Ecole.
 Bien plus, l’ouverture de l’enseignement supérieur au secteur privé depuis quelques années, a favorisé la création de plusieurs instituts de médecine aux capacités de formation douteuses et à vocation essentiellement  mercantiliste, ce qui a obligé il ya peu de temps, un écrémage par les autorités n’ayant laissé subsisté que quelques-uns d’entre eux, répondant aux standards.  Néanmoins ce contexte désastreux de formation a sérieusement entamé dans notre pays, la crédibilité des personnels formés. A un tel point que certains médecins déconseillent eux-mêmes certains de leurs collègues aux patients, conscients de leur compétence ou incompétence réelle. Du coup on ne compte plus le nombre de victimes de cette catastrophe organisée. Cela justifie certainement en partie pourquoi les élites politiques et administratives affichent cette propension à s’expatrier pour recevoir des soins…Ne me soupçonnez surtout pas de vouloir parler du Président !

En un mot comme en mille, les hôpitaux du Cameroun font face à des maux génériques : manque d’écoute et de communication dans la relation soignant-malade, recrutement inconséquent d’un personnel parfois non qualifié, mauvaise organisation des soins et particulièrement des urgences, manque d’hygiène, équipements défectueux, absence de certains médicaments essentiels au lit du malade, limite de la maintenance hospitalière, absentéisme, retard, erreur médicale etc.
 Il est certainement temps de susciter un débat qui permettra aux patients qui fréquentent nos hôpitaux d’être bien accueillis, de bénéficier de l’écoute nécessaire de la part d’un personnel au professionnalisme éprouvé et d’avoir des soins de qualité. Sans quoi même des évacuations médicales offertes aux privilégiés s’avèreront superfétatoires. Surtout dans un contexte où le défibrillateur demeure  un luxe. Or, 10 minutes de retard à la prise en charge d’un arrêt cardiaque fait perdre 90% de chances de survie à la victime, disent les experts.
Oui il devient impérieux que notre pays étoffe sa volonté politique en consacrant davantage de moyens et de rigueur à la formation des médecins et à la tenue des hôpitaux, car 5% du budget  ça parait encore de toute évidence insuffisant pour ne pas dire insignifiant pour contenir la faucheuse qui a fièrement élu domicile dans nos hôpitaux qui portent alors avec grand mérite, leur nom de mouroirs qui n’épargnent hélas même pas les GRANDS !

Et quand je pense  que même «les morgues, ultime sanctuaire avant la tombe, ne sont pas épargnées par le marasme de nos  hôpitaux… il ne me reste plus qu’à dire à nouveau paix à l’âme de Madame FONING qui en est sorti hier pour son ultime voyage. 

Cameroun: Sale temps pour Premier Ministre!

Pauvre PM…
« Philemon YANG a instruit que je sois chassé du Conseil d’administration de Dame Odile NGASKA (…) tout a été mis en œuvre pour briser ma vie dans une affaire de sexe ! (avec point d’exclamation SVP) (…) il me persécute, est-ce un crime, pour moi, que d’avoir été le mari de Chantal AYISSI avant qu’il la connaisse ?» Ces propos sont de Roméo DIKA dans une interview publiée par le Journal la Météo, le 30 avril 2015. C’est vrai qu’à titre personnel, j’ai enfin la réponse à une question de curiosité qui m’a longtemps taraudé mon âme agitée. Je me suis toujours demandé quand il chantait,  « le mari de ma femme, n’est pas beau mais elle  l’aime quand même », de qui il voulait bien parler…
Mais une fois la curiosité satisfaite, une énorme gêne m’étreint. Il s’agit quand même du Premier Ministre ! Une institution constitutionnelle ! Ah oui ! Les stipulations de l’article 12 sont bien claires : « il est le Chef du Gouvernement et dirige l’action de celui-ci ».
En attendant que ISSA TCHIROMA BAKARI saisisse le CNC contre La météo (au moins pour nous rassurer qu’il ne s’intéresse pas qu’aux seuls outrages à Chef d’Etat), ces déclarations putrides de Roméo DIKA qu’il faut verser au dossier de l’infini controverse autour du droit d’auteur que je vous promets d’aborder dans les prochains jours, ces divulgations nauséeuses disais-je donc, commande que nous marquions un arrêt sur la fonction primo-ministérielle au Cameroun. Car, si peu d’égards pour une si haute fonction, ce n’est pas sans raison. Surtout que dans « mépris à Premier à Ministre », Roméo n’est pas le premier. Il y a quelques jours ESSIMI MENYE s’est bien autorisé une tentative certes vite stoppée, de nominations. De plus, les moins amnésiques d’entre nous se souviennent bien qu’en août 2012 une folle rumeur de sa volonté de démissionner avait défrayé la chronique, dépassé qu’il était disait-on, par son Louis Paul MOTAZE de SG qui ne faisait planer le moindre doute sur le peu de considération qu’il lui vouait. Mais laissons ces basses lubies médiatiques,  mourir de leur propre médiocrité. D’ailleurs  à titre personnel, bien élevé que je suis, je pense que ce vaillant commis de l’Etat (déjà retraité par ailleurs) qui a usé ses fonds de culottes dans les ambassades camerounaises et aux quelques mètres carrés de bureau d’Adjoint de SGPR, avant d’être inattendûment propulsé PM, mérite respect dû à son rang. Mais quel rang ?
Ce qui est vrai est que le constituant camerounais a manifestement fait preuve de désinvolture dans l’aménagement du statut constitutionnel du Premier Ministre. Un seul article lui est consacré. Une petite visite dans l’histoire constitutionnelle de notre pays nous apprend que le Premier Ministre en tant qu’institution, n’a jamais semblé particulièrement nécessaire au fonctionnement du gouvernement. Le PM a depuis toujours été conçu comme une instance de coordination administrative du travail gouvernemental, avant d’être élevé avec la révision constitutionnelle de 1979 à la dignité de dauphin constitutionnel du Président de la République. Par la suite certes, une évolution formelle en a fait « Chef du Gouvernement ». Mais comment comprendre que certains départements ministériels relèvent à la fois de la structure gouvernementale et de la Présidence de la République (Défense, MINMAP) ? Situation qui n’est pas sans conséquence sur l’autorité politique et juridique du PM. Il faut bien noter qu’en dehors des prérogatives du Premier Ministre, déclinées de façon globale à l’article 12 de la constitution, c’est en réalité le Président de la République qui détermine et délimite l’essentiel de ses attributions et les modalités de leur exercice au quotidien. C’est aussi un texte du Président de la République qui fixe l’organisation des services du Premier Ministre. Une telle dépendance organique et fonctionnelle du PM vis-à-vis du Président jusque dans l’organisation de ses propres services, rend inadéquate ou à tout le moins particulièrement généreuse, la qualification de dualiste de l’exécutif camerounais.
On le dit et c’est même la lettre constitutionnelle, le Pm est chef du gouvernement. Mais il est clair que cette chefferie n’est pas universelle sur les membres du gouvernement. Elle est partielle et variable en fonction des découpages opérés par le Président de la République. C’est en réalité un Chef fragile.
Et à côté du Président de la République, il n’est qu’un nain politico-institutionnel. Pourtant on continue à vendre à l’opinion  l’illusion d’un Premier Ministre capable de titanesques choses. En fait, l’échec d’un premier ministre au Cameroun doit être objectivement imputé à celui qui l’a nommé. Surtout que celui étant devenu Président partant de ce poste, a bien compris qu’il avait tout intérêt non seulement à y positionner des personnages taciturnes et sans ambition politique apparente, mais surtout il n’a eu de cesse de s’employer à encadrer de façon paralysante son action.
Nous sommes de plein pied dans ce qu’on pourrait appeler dans un anglicisme mal placé, le presidential nkounkoumaship , c’est-à-dire la présidence monarchique. Quelques signes pour mieux comprendre : Alors que nous sommes dans un hypercentralisme politique, il s’opère habilement une sacralisation du Président. Il est construit intelligemment dans l’opinion une distanciation de l’autorité suprême, des erreurs commises par son gouvernement et son administration. C’est toujours les autres qui sont inertes et incompétents. Le prix de l’acceptation de cette fausse accusation est évidemment, le partage d’un bout d’éternité au poste. En fait on n’est jamais sorti du schéma du Père de la nation, arbitre suprême. Celui-ci sous nos yeux, a réussi à réaliser un drainage des autres pouvoirs en sus de la concentration du pouvoir exécutif sur sa seule personne. Il s’est ainsi crée une pénurie de pouvoir aux échelons subalternes de tous les autres pouvoirs.  Pourtant c’est eux que le peuple a naïvement en ligne de mire…

J’en ai trop dit ! Encore que je ne parlais pas du Cameroun… Car dans notre pays, j’en conviens, c’est même le Premier Ministre qui dérange. Un artiste vous accuse de tromper votre femme avec son ex épouse et vous ne faites rien ! Et c’eeeest biennnn…

A la mode agriculture MDR...

Mode agriculture !
Ces derniers temps et c’est le moins qu’on puisse dire, l’agriculture est à la mode. Après les ballets folkloriques mais non moins budgétivores du salon de l’agro-industrie et du festi-café, le retour sur terre comme d’habitude, est plutôt douloureux. Les manchettes des quotidiens en disent long ! Mutations titrait alors il quelques jours : Philemon YANG, ESSIMI MENYE, le clash ! faisant allusion à une sordide affaire de nominations au MINADER  annulées par le PM pour incompétence. Le MESSAGER prenant le relais nous apprendra le lendemain qu’une étude de l’ACDIC mettait une èénième à nu, les tares du programme maïs. Même le très circonspect Cameroon tribune n’a pas manqué de revenir hier dans la rubrique « regard », sur l’indigence du secteur agro-alimentaire.
Alors puisque c’est à la mode, parlons-en ! D’ailleurs, le bât continue à blesser au même endroit… On parle de nominations, de festival, d’agro-industrie, mais quel est même finalement le visage de l’agriculture des grandes réalisations ?
Le Cameroun est une terre en friche. Selon les propres propos de Paul BIYA lui-même à Maroua en 2011 lors de sa tournée de campagne, les terres arables sont estimées à environ 7,2 millions d’hectares, mais seulement 1,8 million d’hectares sont effectivement cultivés, tandis que le potentiel irrigable est estimé à 240 OOO hectares, quand moins de 33 000 hectares sont actuellement irrigués. C’est dire le potentiel qu’offre la disponibilité de ces immenses terres, réputées fertiles. Ainsi la mise en valeur du potentiel agricole du Cameroun reste très faible : seulement 17% des terres irrigables sont exploitées, alors que 26% seulement des terres arables sont cultivées. Cette situation largement déficitaire de mise en valeur de notre potentiel agricole semble paradoxale au regard des multiples atouts dont dispose le Cameroun et des besoins alimentaires d’une population en pleine croissance. Les Chiffres du Bureau de recensement de la population (BUCREP) nous projettent à 25 millions au 1er janvier 2015. Et dans cette insuffisante exploitation, certaines zones font curieusement l’objet d’une pression foncière importante, ce qui crée par ailleurs le problème du maintien de fertilité des sols et par moments des troubles sociaux. Il est donc impératif de prendre des mesures de facilitation de l’exploitation du patrimoine foncier par les populations, notamment les jeunes, où qu’ils se trouvent. Car et c’est bizarre, sommes-nous en droit parce que nous en avons hérité, de thésauriser des terres comme de l’argent ?
Mais évidemment, dans un pays à peu près normal, cela induit la mise en place de zones agricoles pilotes dont l’exploitation loin des agropoles foireux, convoquerait une démarche interministérielle alliant MINADER, pour l’expertise et la mise à disposition des intrants, le MINTP pour la desserte des terres et les municipalités pour un meilleur suivi. Je ne prétends pas que l’étonnante agitation en cours de monsieur AMBA SALLA  sur le décret du 21 novembre 2014 ayant réformé la maitrise d’œuvre technique est superfétatoire. On y reviendra…
Il faut donc au-delà du mouvement sur place, repenser sérieusement la politique agricole du Cameroun. Cela revient à se poser la question de savoir, quelle agriculture et quels agriculteurs voulons-nous pour demain ? J’espère qu’ils ne me prendront pas au mot pour convoquer demain des états généraux de l’agriculture, eux qui sont en manque de folklore depuis le comice pour rien d’Ebolowa. Je dis bien pour rien, même pas pour Ebolowa…
La vision préconisée  appelle à redéfinir l’assistance technique. A l’instar de la « révolution verte » d’Ahidjo, le gouvernement doit pouvoir mettre un terme un jour au laisser-aller actuel en multipliant des opérations d’enrolement des jeunes dans des pôles agricoles crées à cet effet comme cela fût le cas jadis avec, sodecoton dont on annonce la faillite, hévecam ou encore la semry. Jean NKUETE au lendemain des émeutes de la fin on s’en souvient avait balisé de grands axes de relance qu’étaient le développement des filières stratégiques à travers un accent sur l’installation des jeunes agriculteurs, un appui à l’acquisition des engrais, des pesticides et du petit matériel agricole à hauteur de 20 à 50% (waouh), une subvention du matériel végétal entre 75 et 100% je répète entre 75 et 100%, un soutien à la transformation et au stockage à hauteur de 80%, un soutien à la mécanisation par la création de pools d’engins dans les cinq régions agro-écologiques et une subvention de 15% des coûts d’acquisition des tracteurs. Ces déclarations d’intentions pour séduisantes et aussi inattendues qu’elles furent, sont entrées dans l’histoire du Cameroun comme le célèbre « je vous verrai » avec juste un peu moins de succès…
Quid du financement alors ?
De nombreux financements et programmes (tel celui du maïs) existent. Mais l’opacité et l’incurie dans lesquels ceux-ci sont déployés les rendent totalement improductifs. Parce que souvent distraits par des faisceaux de complicités. Espérons que la Banque agricole verra le jour un jour avec des modalités d’accès aux crédits permettant à nos petits agriculteurs et non pas seulement aux mêmes ogres qui font main-basse tout, d’en bénéficier.
De plus il faut qu’un jour les agriculteurs soient mieux organisés et bien représentés. Le système des GIC est devenu hélas, un créneau de détournements de fonds publics. D’ailleurs les députés du Sud avec la complicité de leur nouvel ami le MINEPAT, l’ont bien compris. Désormais c’est le copinage et le tribalisme qui président à la répartition des financements alors que le suivi reste inexistant.
Et pourquoi ne pas mettre sur pied, une politique de consommation prioritaire de notre production ? Alors que cette proposition est faite depuis des lustres, le gouvernement inexplicablement refuse d’imposer un taux de dosage de la farine local (manioc, patate ou igname…) dans la fabrication du pain. Ce qui à coup sûr stimulerait la production et la consommation du « made in cameroon ». Comment serait-ce donc possible tant que des ministres seront importateurs déguisés  de farine ?
Le plus grave est que la situation va encore durer. Du moins pendant qu’ils seront là. Car le secteur rural qui emploie 60% de la population camerounaise ne reçoit encore que 3% du budget  national.

On dit du Président BIYA que son papa fût catéchiste et agriculteur. C’est sûrement pour cela qu’il est patron d’une entreprise qui produit d’excellents jus d’ananas qui ne sont vendus qu’à l’étranger. Dans mes marches j’ai pu en consommer dans les back back comme on dit. Monsieur le Président et les autres alors ?

Papotons à propos du CFA...

Parlons un peu du CFA…
L’information est passée presqu’inaperçue il ya quelques temps au Cameroun. Certes  quelques tabloïds y ont fait fugace allusion, mais très peu de camerounais savent que le 26  avril 2015, une manifestation pacifique contre le franc cfa devant se tenir à l’esplanade du Stade Omnisports de Yaoundé, a été étouffée par une escouade mixte  de policiers et de gendarmes qui interpelaient alors, tout ce qui bougeait dans les environs à l’heure prévue : 10H. Néanmoins sur les tee-shirts des manifestants, on pouvait lire : « 26 avril 2015, naissance du Cameroun souverain, c'est la mort du Franc Cfa et vive la monnaie camerounaise ».
Crée initialement en 1939, juste avant la seconde guerre mondiale, le franc CFA est officiellement né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie officiellement les accords de Bretton Woods, et procède à sa première déclaration de parité au FMI. Il est émis par la caisse centrale de la France d’outre-mer et signifie alors franc des colonies françaises d’Afrique. A partir de 1958, les initiales CFA désignent désormais  communauté financière africaine pour les 08 Etats de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africain -Côte d’Ivoire, Benin, Burkina Faso, Niger, Togo, Guinée Bissau, Sénégal, Mali-) et la coopération financière de l’Afrique centrale pour les 06 pays de la CEMAC (communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale -Cameroun, Guinée Equatoriale, Tchad, Congo, Gabon, RCA-). En réalité il s’agissait d’une supercherie : le sigle (CFA) restait symboliquement le même. Même avec une signification différente, il revenait à maintenir  les pays africains sous le joug de l’instrument de domination coloniale. Du vin nouveau dans une vieille outre.
Il faut aussi noter qu’en plus des 14 pays de l’UEMOA et de la CEMAC il y a aussi la République Fédérale Islamique des Comores pour un total de 15 pays constituant les pays africains de la zone franc (PAZF).
            Les débats autour du franc CFA posent le problème de la politique de change adoptée par les pays africains de la zone franc (est-elle optimale ?). La problématique qui en découle renvoie à 03 questions :
-          celle de savoir si notre régime de change (change fixe) est optimal.
-          celle de savoir si la mise en œuvre des mesures et instruments habituels peut permettre au taux de change du franc CFA de jouer un rôle qui favorise les objectifs d’émergence et de développement économique des PAZF.
-          celle de savoir si la coopération monétaire adoptée par les pouvoirs publics des PAZF entre eux et vis-à-vis de leurs partenaires économiques (dont la France) est optimale (bonne, meilleure).
L’abord des deux premières questions doit en principe mobiliser une littérature quelque peu atrabilaire que je me propose d’épargner aux non-initiés. Ce qu’on peut en dire en termes simples est que le change c’est la conversion d’une monnaie en une autre. Le taux de change est donc le prix d’une monnaie. En clair lorsque pour un franc CFA je reçois 500 euros, on considère que les 500 euros, taux de change, constituent le prix du CFA. Comment ce prix est-il donc fixé ? Là intervient la littérature sur le régime de change. Mais pour l’essentiel il faut savoir qu’une nouvelle monnaie ne peut exister qu’en s’indexant sur une autre. Etant entendu qu’au sommet de la pyramide se trouve le dollar américain, monnaie internationale. Le Cameroun faisant partie du pré-carré français n’avait pas vraiment le choix. A priori s’indexer sur une monnaie ancienne ne constitue pas un frein au développement. Le Nigéria devenu première puissance économique africaine a  bien sa monnaie indexée au dollar. Alors pour comprendre pourquoi les pays de la zone franc n’arrivent pas à acquérir leurs monnaies collective ou respective, il convient d’interroger la coopération  avec la France.
Cette coopération est une simple coopération de maître à esclave (et non d’Etat à Etat). C’est pourquoi la France a tenu à garder le sigle CFA et tous les mécanismes d’asservissement qui y sont liés (dont le fameux compte d’opérations qui est tant décrié aujourd’hui) :
*les banques centrales africaines ne battent pas monnaie, car tous les billets FCFA sont fabriqués (imprimés) par la banque de France à Chamalières (qui est une commune française située dans le département du Puy-de-Dôme en région d’Auvergne sur l’aire urbaine de Clermont-Ferrand). Nous ne gérons pas notre planche à billet, c’est-à-dire que le pouvoir d’injecter des nouveaux billets de banque dans l’économie ne nous revient pas.
*la libre convertibilité CFA/Euro permet à la France de s’approprier les devises (euro ou dollar USD) obtenues par les PAZF à la suite des exportations ; elle récupère ces devises et nous fabrique du FCFA. Il faut comprendre en passant que la devise c’est la monnaie étrangère quelle qu’elle soit que nous gagnons lorsque nous vendons à l’extérieur. Car le CFA n’est pas une monnaie des transactions internationales.
*le compte des opérations
Selon la convention monétaire entre le France et les PAZF, ceux-ci doivent obligatoirement mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fond de réserves de change déposé au Trésor Français dans un compte courant appelé compte d’opérations. Avant la convention de 1973 les banques africaines versaient 100% de leurs avoirs extérieurs dans ce compte, puis à partir de cette date, c’est 65% qu’ils furent tenus de verser. Mais depuis le 20 septembre 2005 ce taux est désormais de 50% pour la BCEAO, 60% pour la BEAC, et toujours de 65% pour la banque centrale des Comores. Comme contrepartie, le Trésor Français fourni aux PAZF ce dont ils ont besoin pour leurs règlements (intérieurs ou extérieurs) en devises comme pour dire que les africains ne sont pas matures pour gérer leur argent même 50 ans après les indépendances. En gros, les devises obtenues par les PAZF sont mises à la disposition de la France ; ce qui accroît sa capacité financière (puisque restant dans leur économie et à leur disposition, circulant, produisant des intérêts faibles pour l’’Afrique), et réduit la notre puisque ne circulant pas dans notre économie et nous étant faiblement rémunérés. De plus, toutes les transactions que les PAZF doivent effectuer avec de nouveaux partenaires (Chine, etc.) sont par ce mécanisme contrôlées par la France (c’est pourquoi avant de signer quoi que ce soit avec les chinois ou les indiens, on recherche d’abord le quitus de la France). Nous parlons de plusieurs milliers de milliards dont sont privées les économies africaines (l’esclave) et qui profitent à la France (le maître.
Mais au-delà, au point où nous en sommes, est-ce la France le seul vrai problème de l’Afrique? Sommes-nous capables de gérer nous-mêmes notre monnaie ? A quoi nous sert la francophonie ? Les autres partenaires (tels que la Chine, l’Inde, la Turquie, etc.) sont-ils une meilleure alternative pour nous ? On se penchera sur cette problématique une prochaine fois.
           


dimanche 3 mai 2015

1er mai fête de l'amnésie collective au Cameroun

La loi n°73/5 du 7 décembre 1973 légèrement modifiée par la loi du 8 juillet 1976 fixant le régime des fêtes légales en république unie du Cameroun, liste 4 fêtes civiles et 6 fêtes religieuses dont 4 pour les seuls chrétiens, mais là n’est pas le sujet. Ainsi parmi les 4 fêtes civiles figure au 1er mai, la fête du travail. Ce qui est curieux c’est qu’à cette date, dans plusieurs pays dans le  monde, on parle effet de travail. Mais pas en termes de fête. La France qui a séculairement inspiré notre législation célèbre aussi la fête internationale du travail. Ce qui évidemment ne renvoie pas à la même chose. D’ailleurs les Etats Unis d’Amérique berceaux de cet événement, le  célèbrent plutôt le  1er lundi du mois de  septembre, c’est la Labor day, qui par ailleurs, n’est pas férié. Certainement ils ont choisi de rester pudique en réminiscence de nombreux de leurs compatriotes qui perdirent la vie dans le combat pour l’amélioration des conditions de travail. Comme on dit tant qu’on a pas payé le prix d’une chose, on s’amuse avec !
Car en effet, tout est parti comme vous devez le savoir, d’une grève ouvrière syndicale le 1er mai 1884 pour la réduction du temps de travail quotidien de 10H à 8H. 1er mai car cette date coïncidait avec l’entame de l’année comptable pour les entreprises. Deux ans plus tard, le 1er mai 1886, la grève persistante fût transformée en un bain de sang par une police zélée en furie. Mais la cause fût finalement gagnée. D’autant plus que 2 ans plus tard en  1889,  le congrès de l’Internationale Socialiste réuni à Paris décida de consacrer chaque année la date du 1er mai comme journée de lutte à travers le monde. C’est  Le régime de Vichy c’est-à-dire,  le régime politique français dirigé par le maréchal Philippe Pétain, qui assure le gouvernement de la France au cours de la Seconde Guerre mondiale, du 10 juillet 1940 au 20 août 1944 durant l’occupation du pays par les forces armées du Troisième Reich3, et dont le siège se situe à Vichy, c’est donc le  régime de vichy disais-je,    qui transformera cette journée en «fête du travail». Rien d’étonnant donc que le cameroun ait hérité de cela dans le package colonial. Sauf qu’en France même, depuis 1947, le 1er mai, jour de la fête du Travail se caractérise certes par une interdiction légale de travail sans réduction de salaire. Mais c’est surtout  consacré aux défilés des syndicats dans les grandes villes, et, il faut bien le noter, c'est aussi le jour de la fête du muguet, dont il est d'usage d'offrir un brin en guise de porte-bonheur. Le muguet c’est une fleur. Vous me direz que c’est toujours la fête. De toute façon chez nous le temps n’est pas aux grandes revendications. On oublie que le chômage est criard, que la sécurité sociale du travailleur n’est qu’un slogan, que les salaires sont étrangement bas, que le smic est ridicule et peu respecté, que le contentieux du travail est des plus iniques, que les droits des travailleurs sont des plus bafoués, que les discriminations de genre, d’ethnies et de handicap existent, que les disparités de départ à la retraite sont frappantes. Que dire de tous ces métiers non conventionnés de vendeurs de soya, de coiffeurs, de moto-taximens qui échappent à toute régulation et au sein desquels se développe parfois un esclavagisme déguisé ? 
Le plus important c’est de fêter. D’ailleurs s’il y en a bien qui travaillent en cette période, ce sont les sérigraphes et les tailleurs. C’est à se demander comment des travailleurs exerçant en si mauvaise condition peuvent trouver le moyen de se faire aussi beau au jour où il faut le plus dénoncer ces conditions de travail ? C’est la journée camerounaise de l’amnésie collective. Le comble est le défilé avec des tenues aux couleurs des entreprises employeuses. Car en plus de les détourner de leur droit de poser des problèmes, les travailleurs en ce jour de beuverie, sont utilisés pour une publicité enthousiaste grandeur nature de leurs bourreaux. Le Gouvernement l’a si bien compris, que dis-je ? orchestré, que le Ministre du Travail et de la sécurité sociale, Grégoire OWONA, s’est offert à l’occasion une petite villégiature dans le littoral. Le 24 avril il est allé lancer fastueusement la semaine du travailleur à Njombé-penja dans la Mungo. Visite ponctuée par une grande marche au bout de laquelle le ministre déclarera : « Nous avons marché parce que les travailleurs ont marché pour obtenir cette fête internationale » Plus moqueur que ça, tu meurs… Et le drame c’est que les moqués ne s’n sont visiblement pas rendu compte, ou alors ils étaient trop épris du thème de cette 129ème fête «  Construire l’avenir du Cameroun dans la paix, la solidarité et le travail décent » ils n’auront retenu que la paix… A en croire Grégoire Owona, tentant de donner du sens à sa ballade campagnarde,  le Cameroun a décidé de rendre hommage au travail de la terre et à l’agro-industrie cette année. Et toc ! Les gros mots !
Le dernier gadget, antidote à nos maladies agricoles, est donc le SIALY, le Salon international de l’agro-industrie qui vient de se tenir à Yaoundé. Allez savoir en quoi cela a concerné l’agriculteur de NJOMBE ou de ses environs…
C’est vrai que le Cameroun reste un pays essentiellement agricole, qui compte 60% de population rurale. Pourtant elle reste regrettablement illisible, la stratégie nationale de développement du Cameroun par la filière agricole. Avec un Ministère dont le budget est sans cesse en augmentation, doté de nombreux programmes et projets agropastoraux qui engloutissent chaque année des centaines de milliards de francs générés soit par des partenariats étrangers, soit par la remise de la dette. En revanche, de faramineuses sommes continuent à être dépensées chaque année pour importer des denrées de première nécessité tandis que les pénuries s’aggravent. Toutes choses qui remettent à chaque fois au goût du jour, la question du bilan des mesures prises après les émeutes de la faim de 2008. Avis à ceux qui veulent travailler dans la paix !
La vérité est que les discours soporifiques sur la politique agricole, la démultiplication des programmes, festivals, salons et autres projet, traduisent hélas l’incompétence, l’inertie, la corruption des personnes en charge d’un secteur névralgique de notre avenir commun. Nul besoin donc d’aller importuner le pauvre travailleur de NJOMBE qui ne demande qu’à voir son bassin de production désenclavé pour pouvoir écouler tranquillement ses produits.

Quant à ceux qui s’intéressent à la fête du chômage, que dis-je ? Du travail, comme disent les ivoiriens enjaillez-vous bien car demain vous attend, intact ! 

le temps présidentiel

Le temps présidentiel.
La cérémonie de triomphe des promotions « Lieutenant Youssouf Mahamat Bahar » jeune officier mort au combat, et « Cinquantième Anniversaire de la Réunification » célébrée le 20 février 2014 s’est donc enfin tenue. Le faste qui entoure les rares apparitions présidentielles était évidemment au rendez-vous. Le discours fort captivant. Bref la fête fût belle. D’autant plus que depuis le début du conflit contre BOKO HARAM subséquemment notamment à la déclaration de guerre du Chef des Armées le 17 mai 2014 à l’étranger, les militaires avaient soif de communier avec leur Chef. Les 33 ème et 34 ème promotions ont donc officiellement fait leur entrée dans le métier de militaire. Il était temps…
Car si 33 ème et 34 éme se suivent successivement dans le décompte arithmétique, le triomphe concomitant de deux promotions de l’EMIA  correspondant à ces chiffres ne doit en aucun cas occulter le temps qui s’est inexplicablement écoulé.  Pour souvenir,  la cérémonie solennelle de sortie de la 33ème promotion prévue en décembre 2013 avait été renvoyée sine die.
Il est vrai que deux triomphes en une cérémonie ce n’est pas nouveau. Le 04 décembre 2009, la cour d’honneur du quartier général de Yaoundé avait bien servi de cadre à la cérémonie de remise des épaulettes aux élèves officiers d’active des 31ème et 32ème promotions (de l’EMIA) respectivement baptisées « promotion Paix et modernité » et « promotion Armée et nation » sous la présidence effective du chef suprême des forces armées lui-même.
            La cérémonie de 2015 nous donne l’occasion de décrypter, le temps d’une chronique,  le code de gestion du temps par le Chef de l’Etat. Cela est su de tous, il ne fait les choses qu’en son temps. Ne donnant jamais l’impression d’agir dans l’urgence de la demande ou de l’attente. Certains de ses communicants ont même théorisé « le temps présidentiel ». Comme pour dire que nonobstant les attentismes et les inerties qu’il critique par ailleurs, il agirait toujours opportun. Essayons de comprendre ce que c’est que le temps et agir en temps opportun. Commençons par le dernier. Le temps opportun c’est évidemment le bon moment. Mais  bon pour qui ? pour le bénéficiaire de l’acte qu’on pose, le citoyen, l’Etat,  ou pour soi-même ? Lorsqu’on doit attendre que la controverse autour d’un bébé volé tourne à l’émeute pour agir, au bénéfice de qui le fait-on ? Lorsqu’on doit attendre 13 mois pour retourner au Premier Ministre le dossier du passage au numérique, le rendant incapable de tenir des engagements internationaux, pour qui le fait-on ? Lorsqu’on doit attendre deux, voire trois  promotions de magistrats  pour  autoriser enfin leur sortie, alors que la justice est en sous effectif, pour qui le fait-on ? Lorsqu’il faut  attendre que les incursions de BOKO HARAM prennent des proportions incontrôlables et produisent d’indicibles dégâts  pour agir, pour qui le fait-on ? Lorsqu’il a fallu attendre dix ans pour avoir les preuves de la spoliation de l’Etat par ses propres collaborateurs pour enfin décider de les jeter en prison, pour qui l’a-t-on fait ? On pourrait égrainer comme cela pendant des heures et même toute la durée de son séjour à la tête de l’Etat,  des situations d’un incompréhensible mutisme ou attentisme du Président de la République. Ceux qui penseraient  qu’il est trompé ou tardivement informé se méprendraient assurément. Car il s’est bien refusé à une célèbre occasion de commenter des commentaires, tout comme en 2008 lors des émeutes de la faim il a été d’une étonnante promptitude. Que dire de la rapidité avec laquelle il a récemment réparé l’impair des épaulettes dans l’armée ?ce qui a souvent fait dire qu’il n’agit que lorsque son fauteuil est menacé. Mais je me refuse toute inclination à de telles idées facilement reçues. C’est le lieu d’explorer la notion de temps. 
Il ya en français deux mots « temps », celui de la météo et celui des montres qui nous interesse davantage. Le temps est donc un milieu indéfini dans lequel nous situons nos actions : « il travaille tout le temps », « je n’ai pas le temps », donc le plus souvent, le temps désigne une portion de ce milieu indéfini. Quand cette portion est suffisamment grande, « temps » est synonyme d’époque. « les temps modernes ». Le mot temps est aussi employé de façon plus large, pour désigner le mouvement irréversible des choses vers la disparition, le vieillissement, la mort. Le temps est alors divisé en présent (état actuel des choses pour notre perception), passé (état révolu des choses dans notre mémoire) et avenir (état supposé des choses dans notre imagination). En droit, sont consacrés, le temps mesuré (portion de durée légalement, judiciairement ou conventionnellement déterminée), et le temps passé (c’est-à-dire la durée réelle). Il appert donc clairement que les effets dans le temps de toute chose ou situation, dépendent de l’acte posé au bon ou au mauvais moment. Le pourrissement, c’est-à-dire la détérioration parfois irrattrapable est donc en théorie, la conséquence d’un refus d’agir ou d’une incapacité à agir. Mais rarement le fruit d’une volonté active manifeste. A défaut de s’inscrire dans une paresse-incompétence indescriptible ou dans une sorte de machiavélisme narcissique propre aux monarques fascistes. Heureusement le Cameroun n’est le reflet d’aucune de ces deux hypothèses. Mais il est donc le reflet de quel modèle ?  Le refus de courber l’échine devant la conclusion d’une gouvernance atypique mais aux mêmes conséquences qu’une gouvernance du pourrissement et d’embuscades, nous conduit vers Dieu, notamment sa révélation faite aux chrétiens. Le psaume 94 au verset 4 dit « Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d'hier quand il n'est plus, et comme une veille de la nuit  » et l’épitre de 2 pierre chapitre 3 au verset 8 dit « Devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour »
Ces deux versets résument bien les choses: Dieu ne conçoit pas le temps comme nous. Car  Comparé à nous, seul Dieu a le temps. Ses desseins se déroulent sur un terme très long à vue humaine. Nous ne sommes pas du tout dans la même échelle. Mais en tant que chrétiens, nous savons que nous avons la vie éternelle en héritage. Ainsi, Chaque année qui passe ne nous rapproche pas de la fin, puisque nous n'aurons pas de fin.
Vu ainsi, on comprend enfin tout. Certains gouvernent le Cameroun comme ils le font, convaincus qu’ils n’auront de fin.

 Amen !